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Prix du nucléaire : EDF, le seul grand gagnant de l'accord ?

Juliette Raynal

Journaliste Énergie à La Tribune

Mais qui est vraiment satisfait de l’accord entre l’Etat et EDF sur le prix de l’électricité nucléaire ? Certainement pas les entreprises grandes consommatrices d’énergie. La CLEEE, l’association qui les représente, a dénoncé hier « un grand pas en arrière ». Alors que le locataire de Bercy n’hésite pas à communiquer sur un prix  « autour » de 70 euros du mégawattheure (MWh), l’association estime qu’il y aura un gouffre entre cet affichage et la réalité du prix dont ses membres devront s'acquitter. 

De fait, rien dans la nouvelle régulation ne garantit que les entreprises paieront effectivement 70 euros. EDF est simplement incité à tendre vers cette cible. Le nouveau dispositif consiste, lui, à atténuer les éventuelles flambées de prix sur les marchés de gros grâce à un système de redistribution, qui ne se déclenchera qu’à partir de 78 euros le MWh. Seuil à partir duquel les revenus supplémentaires d’EDF seront ponctionnés. Une nouvelle sorte de bouclier tarifaire en somme. Pour la CLEE, cette nouvelle réglementation sera moins protectrice que l’Arenh, le mécanisme actuellement en vigueur et qui doit tirer sa révérence fin 2025.

Les critiques de l’Uniden, qui regroupe les industriels les plus gourmands en électricité de l’Hexagone, sont bien moins virulentes, car ses membres devraient pouvoir bénéficier de prix plus attractifs et stables dans la durée grâce à un autre mécanisme : des contrats d’approvisionnement directement noués auprès d’EDF de 10,15, voire 20 ans. Néanmoins, ces industriels demeurent inquiets car, pour l’heure, les modalités d’application de ces fameux contrats restent flanquées d’un grand point d’interrogation. L’accueil n’a pas été plus chaleureux du côté des associations de consommateurs. UFC-Que Choisir a ainsi critiqué «  un accord de marchands de tapis négocié dans l’ombre », en pointant un manque de transparence quant à la définition du prix de référence.

De fait, seul EDF semble sortir gagnant de ces âpres négociations. Après 15 ans de ventes d’une large partie de sa production nucléaire à 42 euros du mégawattheure dans le cadre de l’Arenh, (dispositif qui a participé à creuser sa dette abyssale de 65 milliards d’euros), l’électricien pourra vendre, dès 2026, la totalité de l’électricité issue de son parc atomique jusqu'à 77 euros, sans que ses revenus soient rabotés. Un niveau qui apparaît bien supérieur à ses coûts de production, estimés à 60 euros/MWh par le régulateur de l’énergie il y a tout juste deux mois.

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On vous répond

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Jusqu’à quand consommera-t-on des énergies fossiles ?

Bonjour Magali, merci beaucoup pour votre question !

Difficile de vous répondre. Une chose est sûre, les efforts à réaliser pour diminuer drastiquement la part des énergies fossiles (que sont le charbon, le gaz naturel et le pétrole) dans le mix énergétique mondial sont absolument colossaux. Et pour cause, malgré le développement marqué des énergies renouvelables à travers la planète au cours des cinq dernières années, les combustibles fossiles assurent encore 80% de l’approvisionnement énergétique dans le monde ! Triste constat : le mix énergétique à l’échelle de la planète n’a quasiment pas bougé au cours des 20 dernières années. La part des énergies fossiles n’ayant diminué que d’un tout petit point depuis 2000……

L’agence internationale de l’énergie (AIE), qui fait référence en la matière, estime que pour atteindre la neutralité carbone en 2050, les fossiles ne devront assurer qu’un peu plus de 20% de l’approvisionnement énergétique mondial. Autrement dit, même en 2050, la planète continuera à consommer ces énergies émettrices de CO2. Mais leur niveau d’émissions, bien plus faible qu’aujourd’hui, devrait pouvoir être compensé pour permettre la neutralité carbone. « Les combustibles fossiles qui subsisteront en 2050 seront utilisés dans des biens où le carbone est incorporé directement dans le produit, comme les plastiques, et dans des installations équipées de systèmes de captage et de stockage de CO2 », précise l’AIE.

A contrario, les deux tiers de l'approvisionnement total en énergie en 2050 proviendront des énergies renouvelables (éolienne, solaire, bioénergie, géothermie et hydroélectricité) selon le scénario Net Zero Emission de l’agence. « L'énergie solaire deviendra  la source la plus importante, représentant un cinquième de l'approvisionnement énergétique », écrit-elle.

Seulement voilà, la trajectoire de l’AIE ne fait pas l'unanimité… notamment dans l’industrie pétrolière ! TotalEnergies, par exemple, estime dans son scénario de Rupture (qui permettrait de contenir le réchauffement climatique entre 1,7 et 1,8 degrés) que les combustibles fossiles assureront encore, en 2050, 40% de la demande mondiale d’énergie primaire, soit le double de ce que projette l’AIE. Dans le détail, le charbon compterait encore pour 6%, le pétrole pour 12% et le gaz pour 22%. Une projection peu étonnante au regard de la stratégie de ce mastodonte. Depuis quelques années, la major pétro-gazière investit de plus en plus sur le gaz naturel, et en particulier sur le gaz naturel liquéfié (GNL), au détriment du pétrole.

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