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La Tribune

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À Bruxelles, les grands énergéticiens montent au front pour défendre l’hydroélectricité

Juliette Raynal

Journaliste Énergie à La Tribune

Il n’y a pas que l’énergie nucléaire qui fait l’objet d’intenses tractations à Bruxelles. Certes beaucoup moins médiatisée (bien qu’elle ait représenté près de 20% de la production électrique européenne en 2021), l’hydroélectricité est également la cible de nombreuses critiques d’ONG environnementales et de différents partis politiques. Lesquels dénoncent et redoutent un impact grandissant sur la biodiversité du développement de ces centrales et retenues installées le long des rivières, notamment dans les zones montagneuses. Au point d'avoir tenté, en vain, d'écarter la petite hydroélectricité de la nouvelle directive pour les énergies renouvelables, un texte clé pour l’atteinte des objectifs climatiques européens.
 
En face, les grands énergéticiens défendent ce procédé. Selon eux, cette énergie renouvelable est indispensable à deux titres : d’abord pour sa production d’électricité décarbonée. Ensuite, pour les services de flexibilité qu’elle rend au réseau, notamment en matière de stockage. Dix d’entre eux, dont les français EDF et Engie, viennent de former une alliance en ce sens et demandent à Bruxelles l’élaboration d’une stratégie à l’échelle européenne. Un travail que la Commission avait déjà pris la peine d'effectuer pour l’éolien en mer, le solaire photovoltaïque et même l’hydrogène. Difficile néanmoins d'espérer un retour de la copie avant la fin de la mandature, prévue en 2024...

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La fusion nucléaire peut-elle contribuer à l’atteinte de la neutralité carbone en 2050 ?

Bonjour Dominique, merci pour votre question ! De nombreux scientifiques n'y croient pas, même si plusieurs startups promettent une première centrale à fusion connectée au réseau électrique avant 2035 et présentent cette technologie comme un moyen efficace de lutter contre le changement climatique.  Contrairement à la fission, la fusion nucléaire ne consiste pas à casser des noyaux lourds d'uranium pour libérer de l'énergie, mais à faire fusionner deux noyaux d'hydrogène extrêmement légers pour créer un élément plus lourd. Cette réaction, qui est la même que celle à l'oeuvre dans le soleil et les étoiles, permettrait de dégager des quantités d'énergies colossales. Toutefois, les défis scientifiques, technologiques et industriels à relever sont encore très nombreux. Certains experts estiment ainsi que cette technologie, bien que prometteuse, ne contribuera pas à l’atteinte de la neutralité carbone en 2050. C’est le cas notamment de Stéphane Sarrade, directeur des programmes énergie au CEA. Greg de Temmerman, spécialiste français de la fusion nucléaire et ancien coordinateur scientifique du programme international Iter, partage également cet avis. « Un réacteur à fusion nucléaire qui fonctionne 24 heures sur 24 de façon fiable dans les années 2030, c'est hors d'atteinte », tranche-t-il. Selon lui, la fusion « ne représentera rien pour l'énergie en 2050. Elle ne contribuera pas à la transition énergétique ». « C'est même dangereux d'associer la fusion nucléaire à la lutte contre le réchauffement climatique car cela peut donner de faux espoirs  », alerte-t-il.  « En revanche, cela ne veut pas dire que nous n'aurons pas besoin de la fusion à cet horizon, » nuance-t-il. Notamment parce que l'électricité issue de ce procédé sera décarbonée et pilotable. « C'est très important d'y travailler. C'est l'énergie du siècle prochain », confirme Stéphane Sarrade du CEA.

 

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