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Energies renouvelables : ces maires ruraux perdus dans la transition

Juliette Raynal

Journaliste Énergie à La Tribune

C’est un changement de paradigme complet. Alors que pendant deux siècles les moyens de production énergétique sont restés très concentrés dans les mains de l’Etat, les élus locaux et notamment les maires ruraux sont désormais amenés à jouer un rôle clé dans la transition énergétique. Convaincu qu’ils étaient les plus à même à construire les meilleures conditions d’acceptabilité des futurs parcs éoliens et solaires, le gouvernement les a chargés, d’ici le 31 décembre prochain, de définir des zones d’accélération des énergies renouvelables dans leur commune… sans pour autant leur donner les moyens d’y parvenir.

Dans le flou, de nombreux maires ruraux déplorent le manque d’accompagnement humain, une communication insuffisante et des outils peu accessibles. La majorité d’entre eux ne rendra pas sa copie d’ici la fin de l’année. Le gouvernement rassure : « le 31 décembre n’est pas une date butoir ! ». Certes, mais le temps presse. La France doit redoubler d’efforts pour rattraper son retard en la matière et tenir ses objectifs climatiques. Or, les communes rurales représentent 88% de l’espace national. Sans elles, l’exercice sera bien plus difficile.

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On vous répond

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Nous n’avons pas reçu de question de votre part cette semaine, nous avons donc imaginé celle-ci : Est-on sur la bonne trajectoire à l'échelle mondiale pour tenir nos objectifs climatiques ?

La réponse est non malheureusement. Dans son dernier rapport annuel, paru hier, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que malgré le bond « phénoménal » des énergies propres, la demande d'énergies fossiles devrait rester « trop élevée » pour maintenir l'objectif climatique le plus ambitieux de l'Accord de Paris de 2015, qui vise à limiter la hausse des températures moyennes mondiales à 1,5 °C par rapport à l'ère pré-industrielle.

Les investissements dans les énergies propres sont en hausse de 40% depuis 2020, souligne l’agence, mais des « politiques plus fortes sont nécessaires » , prévient-elle, en réitérant son appel à tripler la capacité d'énergies renouvelables d'ici 2030. L’agence préconise également de réduire de 75% les émissions de méthane des activités pétro-gazières ou encore de mettre un terme aux projets de centrales électriques à base de charbon.

« Les affirmations selon lesquelles le pétrole et le gaz représentent des choix sûrs ou sécurisants pour le monde entier ne sont pas fondées », a averti le patron de l’agence Fatih Birol, alors que l'Opep, le cartel des exportateurs de pétrole, a déclaré récemment que le monde aurait encore besoin d'énergies fossiles pendant de nombreuses années. Pour l'AIE, les besoins imposeront d'investir encore dans les infrastructures pétrolières en activité. En revanche, le monde n'a plus besoin de nouveaux projets. 

Même constat à l’échelle européenne. L’UE va devoir « considérablement accélérer le rythme » de la transition énergétique pour respecter ses objectifs climatiques 2030 et 2050, estime Bruxelles dans un rapport publié hier.

A un mois de la 28e conférence sur le climat des Nations unies à Dubaï, un autre rapport (encore un!) tire la sonnette d’alarme. Des scientifiques de renom ont analysé les phénomènes météorologiques extrêmes en 2023 et le déficit d'action de l'humanité. Leur constat est sans appel : « la vie sur la planète Terre est en état de siège ». Or l'humanité n'a fait que des « progrès minimes » dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre: les concentrations atteignent des niveaux record et les subventions aux énergies fossiles ont grimpé en flèche...

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