Soyons honnêtes. Pour cette toute première newsletter, nous n'avons pas reçu de question de l'un ou l'une d'entre vous. Alors, pour lancer la machine et vous donner envie d'essayer, nous avons imaginé nous-mêmes cette question. En voici la réponse. Oui et non. La France dispose d’une capacité de production de panneaux photovoltaïques non négligeable. Il y a deux ans, ses capacités de production s’élevaient à environ 850 mégawatts (MW). La même année, quelque 960 MW de panneaux photovoltaïques étaient raccordés au réseau dans l’Hexagone. Aujourd'hui, ces capacités de production seraient même légèrement supérieures au gigawatt, soit l'équivalent peu ou prou d'un réacteur nucléaire. Plusieurs bémols toutefois. Ces chiffres correspondent à une capacité de production et non à la production réelle, qui reste confidentielle. Selon certains experts, elle serait inférieure de moitié. Par ailleurs, une part significative de cette production serait exportée. Ensuite, les capacités de production de la France se concentrent sur l’aval de la chaîne de valeur, c’est-à-dire l’assemblage des cellules photovoltaïques en modules. Les composants intermédiaires, eux, sont importés, essentiellement depuis la Chine, qui domine de manière écrasante le marché, grâce à des coûts extrêmement compétitifs. Aujourd’hui, 96% des galettes de silicium utilisées dans les panneaux européens proviennent de Chine. Contrairement à des idées reçues, les prix très compétitifs de la Chine ne résultent pas d’un faible coût du travail. Ils tiennent de la taille géante de ses usines, qui ont permis de réaliser des économies d'échelle considérables, et d’un coût du capital très bas, en raison de prêts bancaires très peu chers. En France, la start-up Carbon veut changer la donne avec le choix d’une intégration verticale et un projet de gigafactory d'une capacité de production de 5 GW à horizon 2025. Voltec Solar veut aussi accroître ses capacités avec 5 GW par an dès 2030. Ces projets ne pourront toutefois se concrétiser sur le sol tricolore que si un cadre financier et réglementaire favorable est rapidement mis en place. Le risque d'une nouvelle dépendance, à l'égard des Etats-Unis et de l'Inde cette fois, est réel.
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